Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Quand Leenelay prend la plume...
Quand Leenelay prend la plume...
  • ................................................................................................................................................................................................................................................................
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
19 février 2011

Charbon

Je ne suis pas vraiment satisfaite de ce texte, j'avais écris cette histoire il y a longtemps déjà, mais les écrits se sont perdus dans la nature... J'ai voulu le réecrire d'après mes souvenirs, mais je pense qu'il n'est pas aussi bien que l'était le premier. Pour le moment, je le laisse tel quel, et sans doute que je le modifierais ultérieurement (dans un nouveau post...)

Les portes se referment derrière moi, un vent glacial et humide s’engouffre dans mon col. J’ai laisser mon écharpe sur le dossier de ma chaise, tampis. Il fait déjà noir, les gens sont pressés de rentrer chez eux après leur journée de boulot, et moi donc ! Je me faufile entre les gens, à grandes enjambées éclaboussantes et descend les escaliers qui mènent à la station de métro. Le temps de me prendre un café noir, deux sucres, et j’arrive sur le quai.  Un regard à ma montre, dans quelques minutes, je serais chez moi. Dans quelques minutes, je retrouverais mes pantoufles et mon canapé accueillant, je me commanderais une pizza, ou du poulet aigre-doux, et je passerais la soirée devant la télé… Plus que quelques minutes de patience…

Les quais ont l’air déserts, tant mieux… Je m’installe sur un banc à peu près propre, et je déplie mon journal… Tiens, mon horoscope avait raison, une fois n’est pas coutume, « journée stressante et ennuyeuse ». Mon métier est stressant, c’est sur, et parfois mes journées sont plus que longues, mais plus que quelques minutes, et je n’aurais plus à y penser, jusqu’à demain matin.

Ce n’est que quand j’ai levé les yeux pour regarder l’heure d’arrivée du prochain tram sur le panneau d’affichage que je l’ai vue. Elle se tenait en face de moi, à quelques mètres. Le dos recourbé, ses longs cheveux gris et raidis par le temps retombaient sur ses frêles épaules… Elle portait des vêtements sales, mais ne semblait pourtant pas vivre dans la rue. Comme toute apprêtée, elle avait mis du far sur les paupières, ce qui soulignait ses grands yeux gris, et dans un cliquetis de bracelets et de colliers s’entrechoquant, elle allait et venait le long du quai, ses yeux rivés au sol. Elle traînait derrière elle un vieux petit caniche noir. Le chien peinait à la suivre, il soufflait, presque agonisant, poussant des gémissements rauques que sa maîtresse ne semblait pas entendre. Et puis elle se tourna vers moi et me dévisagea. Ses yeux me transperçaient, ce qui me mit mal à l’aise.
Faisant semblant de rien, je bus une gorgée de mon café noir deux sucres, froid maintenant, et fis mine de consulter ma montre. Quand je relevai la tête, elle avait avancé de quelques pas dans ma direction, continuant à me scruter avec insistance. Sans expression particulière, elle me regardait, sans baisser les yeux une seule seconde. J’allais lui demander ce qu’elle voulait quand dans un murmure presque aphone elle me dit : « Il s’appelle Charbon »…

-         Ah, votre chien ? euh très joli prénom, ça lui va bien…

Elle ne me répondit pas, son regard me transperçant de part en part. Elle me rendait nerveuse à me fixer comme ça, elle esquissa un petit sourire timide.
Et puis on entendit au loin, une rame qui arrivait. Alors, tandis que je me levais, elle se mit à rire… Tout doucement d’abord, puis de plus en plus fort. « Encore une folle » pensais-je silencieusement. Je m’approchai du bord du quai, passant à côté d’elle sans la regarder, mais je sentais qu’elle me suivait du regard. Et elle riait aux éclats, sa voix à peine couverte par le bruit du métro qui arrivait. Elle se plaça à ma droite, dos au quai,  riant de plus belle, et me regardant les yeux exorbités. Je voulus m’éloigner d’elle mais elle me retint par le bras, s’époumonant presque, elle me jeta un « charbooooonnn » à trois centimètres de mon visage. Hébétée, je la regardais sans comprendre ce qui lui arrivait. Et alors que le métro arrivait dans la station, tout en continuant à me regarder droit dans les yeux, elle décocha un coup de pied au chien qui déboula deux mètres plus loin, et dans un nouvel éclat de rire, elle se laissa tomber sur les rails.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité